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11.2.13

Scènes d'Intérieurs #1


Scène d’intérieurs et Art contemporain
Le nid et la coquille #1

Farah Atassi
Abandonned office 2010
Huile sur toile 160 x 190 cm

« Au premier coup d’œil jeté sur un intérieur, on sait qu’il y règne de l’amour ou du désespoir »
La cousine bette, Honoré de Balzac, 1846


Architecture intérieure et intérieure de l’architecture


« Car la maison est notre coin du monde. Elle est, on l’a souvent dit notre premier univers. Elle est vraiment un cosmos. Un cosmos dans toute son acceptation du terme. Vue intimement, la plus humble demeure n’est elle pas belle ? Les écrivains de l’humble logis évoquent souvent cet élément de la poétique de l’espace. Mais cette évocation est bien trop succincte. Ayant peu à décrire dans l’humble logis, ils y séjournent guère. Ils caractérisent l’humble logis dans son actualité, sans en vivre vraiment la primitivité, une primitivité qui appartient à tous riches ou pauvres, s’ils acceptent de rêver. »

Gaston Bachelard, La poétique de l’espace p32


A l’heure où la publicité à déshabillé l’homme, l’habitat privé est devenu le vêtement le plus intime de l’homme contemporain. Pénétrer une scène d’intérieur, est devenu l’ultime accession à l’identité. Univers fantasmé et fantasmagorique, où le détail prend tout son sens. Car il est question ici de dépasser la simple description et de parvenir à l’introspection. L’artiste veut en donner l’accès dans un espace qui est habituellement cloisonné temporellement et géographiquement.


Ici, l’espace est simple, dépouillé de toute complexité matériel : espaces de solitudes et de rêveries.

Les outils d’accès ou de fermeture sont ici des outils d’accessibilité déformé et significatif. Pas d’écran à la vue mais des possibilités. Il ne s’agit pas d’accéder à un intérieur (on y est) il s’agit d’entrevoir la possibilité de l’extérieur.

ra'anan levy Crépuscule, 2012. 191 x 248 cm, huile sur toile


Le vide et le plein

Il est question de matière, et de non-matière : Le vide c’est le possible. L’espace est donc une matière de possible. La matière support du vide et de celle de l’homme. Toute les interrogations existentielles se trouvent dans le privée. Les contraintes physiques, murs piliers fenêtres, tout système constructif s’inscrivent comme repères. Et c’est là où le quotidien devrait exister que naît le vide énigmatique et la transposition de soi.

La notion de positionnement est toujours ambiguë. Le doute voulu par l’artiste de placer le spectateur dans l’ignorance de sa position. Pas de point d’encrage mais la sédentarité pourtant est imposée par le fait même d’espace privée. Pourtant la sédentarité est vidé de son sens en perdant celui de sécurité. Les objets sont rares quand il y en a, disposé comme s’ils étaient oubliés, ou bousculés. Ils sont la preuve qu’il y a eu un passage et confirment que l’espace est redevenu vide. L’espace personnelle n’est pas comme on le suppose invulnérable, il est attaqué par sa propre structure.

La scène d’intérieurs contemporaine, nature morte de l’espace privée, est comme une vanité contemporaine elle rappelle la vulnérabilité de l’être par celle de la matière.


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