Scène d’intérieurs et Art
contemporain
Le nid et la coquille #1
Farah Atassi
Abandonned office 2010
Huile sur toile 160 x 190 cm
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« Au premier coup d’œil jeté
sur un intérieur, on sait qu’il y règne de l’amour ou du désespoir »
La cousine bette, Honoré de Balzac, 1846
Architecture intérieure et intérieure
de l’architecture
« Car la maison est notre coin du monde. Elle est, on l’a souvent
dit notre premier univers. Elle est vraiment un cosmos. Un cosmos dans toute
son acceptation du terme. Vue intimement, la plus humble demeure n’est elle pas
belle ? Les écrivains de l’humble logis évoquent souvent cet élément de la
poétique de l’espace. Mais cette évocation est bien trop succincte. Ayant peu à
décrire dans l’humble logis, ils y séjournent guère. Ils caractérisent l’humble
logis dans son actualité, sans en vivre vraiment la primitivité, une
primitivité qui appartient à tous riches ou pauvres, s’ils acceptent de rêver. »
Gaston Bachelard, La
poétique de l’espace p32
A
l’heure où la publicité à déshabillé l’homme, l’habitat privé est devenu le
vêtement le plus intime de l’homme contemporain. Pénétrer une scène
d’intérieur, est devenu l’ultime accession à l’identité. Univers fantasmé et
fantasmagorique, où le détail prend tout son sens. Car il est question ici de
dépasser la simple description et de parvenir à l’introspection. L’artiste veut
en donner l’accès dans un espace qui est habituellement cloisonné
temporellement et géographiquement.
Ici,
l’espace est simple, dépouillé de toute complexité matériel : espaces de
solitudes et de rêveries.
Les
outils d’accès ou de fermeture sont ici des outils d’accessibilité déformé et
significatif. Pas d’écran à la vue mais des possibilités. Il ne s’agit pas d’accéder
à un intérieur (on y est) il s’agit d’entrevoir la possibilité de l’extérieur.
ra'anan levy Crépuscule, 2012. 191 x 248 cm, huile sur toile |
Le vide et le plein
Il
est question de matière, et de non-matière : Le vide c’est le possible.
L’espace est donc une matière de possible. La matière support du vide et de
celle de l’homme. Toute les interrogations existentielles se trouvent dans le
privée. Les contraintes physiques, murs piliers fenêtres, tout système
constructif s’inscrivent comme repères. Et c’est là où le quotidien devrait
exister que naît le vide énigmatique et la transposition de soi.
La
notion de positionnement est toujours ambiguë. Le doute voulu par l’artiste de
placer le spectateur dans l’ignorance de sa position. Pas de point d’encrage
mais la sédentarité pourtant est imposée par le fait même d’espace privée.
Pourtant la sédentarité est vidé de son sens en perdant celui de sécurité. Les
objets sont rares quand il y en a, disposé comme s’ils étaient oubliés, ou
bousculés. Ils sont la preuve qu’il y a eu un passage et confirment que l’espace
est redevenu vide. L’espace personnelle n’est pas comme on le suppose
invulnérable, il est attaqué par sa propre structure.
La
scène d’intérieurs contemporaine, nature morte de l’espace privée, est comme
une vanité contemporaine elle rappelle la vulnérabilité de l’être par celle de
la matière.
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